jeudi 12 août 2010

sophistique freudienne

Je suis pleinement d'accord avec la démonstration, que je trouve sans faille, de "l'affabulation freudienne" produite par Michel Onfray, dans son livre Le crépuscule d'une idole (Éditions Grasset & Fasquelle, Paris 2010, 621p.). Ma seule critique: un peu long peut-être... mais il voulait se donner la peine d'insister, préciser les références et se rendre, sur le plan de la rigueur intellectuelle en tout cas, inattaquable.

Onfray démonte le complexe mécanisme, fonctionnant comme une machine de guerre idéologique, du verrouillage du dogme freudien digne d'une secte, par la vertu de la pensée magique:

Visite de l'arsenal. Un: toute opposition venant d'un individu non analysé est nulle et non avenue; deux : tout refoulement de l'analyse signale à coup sûr un névrosé, dont, de facto,le propos est invalide ; trois : toute critique de la psychanalyse repose sur une critique de Freud qui était juif, elle est donc toujours suspecte d'antisémitisme; quatre : toute critique émanant d'un tiers exclu du couple analyste/analysé est infondée; cinq: tout échec de la psychanalyse est imputable au patient, jamais au psychanalyste -- voir les résistance, le bénéfice de la maladie, l'échec à cause du succès, la névrose pouvant en cacher une autre : la viscosité de la libido, le tansfert négatif, la pulsion de mort, le masochisme, le désir de prouver sa propre supériorité à l'analyste; six : quand on a tout essayé pour justifier la discipline, on peut parfois envisager la fait que le psychanalyste ne soit pas encore assez psychanalyste...


La conclusion me semble claire: pour trouver les éléments d'une théorie sérieuse de la subjectivité, il faut s'intéresser à d'autres courants psychologiques que le dogmatisme opportuniste de Freud, conquistador qui a voulu gonfler sa névrose personnelle aux proportions d'une incontestable vérité universelle. Par exemple, clé de voûte, le soi-disant complexe d'Oedipe est son totem, et pas du tout notre tabou.

Enfonçant le clou, notre ami Michel Onfray termine cette quatrième section de son livre, section justement titrée "Thaumaturgie" par ce paragraphe assassin:

Avec ce genre de raisonnement, à tous les coups on gagne. Freud, la psychanalyse, les psychanalystes restent intouchables car la doctrine leur offre un statut d'extraterritorialité intellectuelle. Freud prend pour une offense personnelle toute remise en cause de la moindre de ses thèses. Comment pourrait-il en être autrement avec une personne ayant fait clairement savoir que sa vie se confondait à la psychanalyse, qu'elle s'y identifiait, qu'elle était son enfant, sa créature, sa création? Le docteur viennois prétendument débarrassé de sa psychonévrose fort grave (citation de Freud lui-même dans une lettre à Fliess, je précise, jp) en a fait un objet fusionnel. Ses disciples se prosternent depuis un siècle devant le même totem devenu tabou. Or la tâche du philosophe n'est pas de s'agenouiller devant les totems.


Oui, que dire de plus? Je vois que la statue, énorme, encombrante, au moins autant (mais en fait bien plus) que celle d'un dictateur local, doit être déboulonnée.

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