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mercredi 9 mars 2011

cesser d'agir c'est cesser d'être

Depuis quelques temps, cette pensée m'obsédait. Sa formulation est claire. Trop ? Provocatrice... D'une bonne dose de réflexion en tout cas.


" Ainsi la réalité-humaine n'est pas d'abord pour agir, mais être pour elle, c'est agir et cesser d'agir, c'est cesser d'être. " (L'Être et le Néant, éd. Gallimard, collection TEL, p. 533)


Ici le "bénéfice secondaire" de ma névrose, il tient au fait que dans cette situation de blocage du désir, et tant qu'elle perdure, je puis me considérer comme étant dans une sorte de convalescence. Ce qui me permet de flatter mon premier penchant qui est pour la paresse, ainsi que la recherche, surtout de manière passive et évitante, d'une certaine quiétude.

Hier pourtant j'ai tenté de défier ce triste destin, en abordant cette jeune femme pour tenter d'initier une relation avec elle. C'était une émotion très forte, l'adrénaline battait son plein et j'avais les jambes non seulement flageolantes, ça tremblait très fortement au-dessous des genoux. Une très étrange sensation.

Je pourrais peut-être (re)devenir une sorte de Don Juan, si seulement je devenais "addict" (dépendant) de cette sorte de sensation et d'émotion. L'impression en tout cas de vivre intensément l'instant. L'exaltation de la conquête ? Mais pour moi dans ce cas-ci je crois bien que c'était la peur panique d'être, de me trouver, de me présenter nu et comme sans défense, ouvert et en proposant une ouverture d'amour et/ou d'amitié à une jeune femme et offert sans recours possible à la disposition, au jugement, acceptation ou rejet, devant le jugement d'autrui, finalement. Instantané et sans appel.

Peur du rejet. Peur du rejet ? La peur du rejet, devenu panique, pratiquement incontrôlable, à cause des blessures (narcissique) du passé aux traumatismes conservés vivants, non guéris, toujours saignants dans les méandres inconscients de la mémoire affective. C'est par la répétition et la réactivation de ces affects blessés que je suis devenu une personnalité évitante dans la vie civile. Un piètre citoyen. Mais il y a eu dès les débuts l'instauration d'un terrain favorable à ce type de névrose.

Je prétends que cela vient de la transmission caractérielle, génétique, donc, mais pas seulement, de la personnalité inquiète de mon père, tourmenté, irrité lui déjà d'une angoisse et névrose de rejet. Mais je prétends aussi qu'il a renforcé cette transmission génétique par le chaos qu'il a semé dans mes émotions par ses agirs dès les interactions au berceau. Cela se passait même avant l'âge de deux ans. Sous prétexte de jouer avec le jeune enfant, son premier fils, il le terrorisait.

Cela n'est pas exceptionnel. Je suis conscient que pratiquement tout le monde pourrait parler de tels sortes de traumatismes subis dans quelque part, tôt ou plus tard, dans leur histoire personnelle. Rarement le fait-on d'ailleurs. Je suis peut-être trop sensible. Mais le travail de l'écrivain comme du penseur, comporte, j'en suis convaincu une grande part d'expressivité. Et je ne suis pas du genre, courageux sur cet aspect, à me cacher derrière d'abstraites théories, mensongères déjà lorsque abstraites. Non pas vérités universelles mais détachées de tout contexte.

Alors je me dis que je ne cesse pas d'agir, ni, donc,d'être, tant que je cherche à comprendre, me guérir, réagir ! Tant que je veux toujours continuer de vivre, à croître et à croire, je peux toujours tâcher de me mettre en mesure de (re)devenir moi-même, de me régénérer et de tenter, comme tout le monde, de m'équivaloir, ou me hausser au niveau de mon propre destin.

Ce printemps encore me ramène à l'optimisme. Je nomme plus précisément l'optimisme existentiel de Sartre. Il demeure fondamental, à côté de tant d'autres thèmes plus sombres, qu'ils soient théâtraux ou tenant d'une implacable lucidité. Je retiens de lui cette phrase, en particulier, disant : " on peut toujours faire quelque chose de ce que l'on a fait de nous. "

C'est ainsi que le pour-soi se reprend, puisqu'il a à se faire être, à assumer son être. Libre, il est responsable et se refait, praxis ou autrement. (Poiesis, interne mini-praxis ? comment faire autrement ?)

Un jugement dur donne l'impression que Sartre n'a fait d'abord qu'une théorie (idéaliste ou volontariste) de la liberté pour artiste, créateur... et encore, écrivain ! Sartre a fait une théorie de la liberté pour les écrivains ! Et quelque part cette critique conserve tout son sens.

Mais l'écrivain est un homme dans une situation un peu faussement privilégiée. C'est un homme comme un autre, taboire ! (Juron québécois, pardon. Note de la rédaction) Le sens intime, même illettré, se débat et se reprend avec de possibles accès de (trans)lucidité. Je persiste à croire que bien comprise, la théorie du sujet qui se dégage des écrits de Sartre est toujours pertinente à la compréhension et explication de la réalité-humaine.

samedi 18 décembre 2010

Sartre!

(E-mail à un jeune ami, du 16 décembre 2010)

Bonjour Julien, Je viens de voir ton message. Cette adresse n'est pas mon courriel principal. Je ne pense à le consulter que de temps en temps. Ta question a l'air toute simple comme ça. mais c'est une question ouverte. Il faudrait que j'en connaisse un peu sur toi pour te faire une réponse adaptée.

Par exemple, moi, je suis un Québécois, j'ai eu la chance d'aller un an à Paris, il y a longtemps, en 1976 pour tout dire, pour étudier principalement la philosophie. J'étais marxiste à l'époque et sévissait Althusser. J'ai suivi les cours de Badiou, sur les dialectiques et j'avais beaucoup apprécié. C'est de retour au Québec que j'ai senti le besoin d'élargir le champ des questions et que je me suis servi de Sartre pour contourner le dogmatisme de la plupart des marxistes. Mais je suis tombé en amour avec sa pensée, c'est pourquoi j'ai fait mon mémoire de maîtrise sur lui : La mesure de l'impossible -étude de la notion de liberté dans l'œuvre philosophique et autobiographique de Sartre. "La vie et l'œuvre", quoi! L'engagement, la définition de l'intellectuel dans son rôle politique, sa relation à la société.

Après j'ai poursuivi mes lectures et réflexions, je suis allé beaucoup du côté de Nietzsche et contre, tout contre Heidegger. Sentimentalement, Sartre demeure mon préféré. Mais sa morale pratique est trop exigeante pour un petit bourgeois un peu paresseux et qui préfère sauvegarder un peu de confort. Bien sûr je ne parle pas de toi, je ne te connais pas, je parle de moi.

De par sa formation, Sartre est un hégélien rebelle. C'est la révolte de Kierkegaard contre le Système qu'il épouse, le privilège de l'individuel qui touche le concret de l'expérience de vivre, l'existence, contre les pesantes abstractions conceptuelles de "l'universel". Intellectuellement, pour contrer la métaphysique, il adopte la méthode de Husserl, il se fait phénoménologue. Examen et analyse des actes de conscience, réduire l'incertitude, fonder l'évidence : c'est là la quincaillerie de la production de vérités.

Mais il rencontre Heidegger sur son chemin. Voilà un autre genre de phénoménologue. Sartre part de l'expérience humaine de vivre, une vie individuelle, irréductiblement concrète et se battra toute sa vie contre l'aliénation de l'être de l'homme à l'Être, abstraction suprême. L'existentialisme prend le contre-pied de l'essentialisme, dont la pensée de Platon est l'archétype, celle de Heidegger l'achèvement ultime.

Les heideggeriens, acharnés, comme il y en a beaucoup en France, hallucinés, ne reconnaîtrons jamais cette critique, très simple au fond, trop simple ? Heidegger prétend dépasser la métaphysique en surenchérissant sur l'abstraction qui est le procédé métaphysique par excellence. C'est absurde, et risible, quand on y pense... Mais que doit faire un humain, concrètement, pour trouver grâce aux yeux de l'Être ? Poser ainsi la question nous fait voir, il me semble, immédiatement son absurdité. Sartre parle d'une totalisation, ou synthèse d'enveloppement, qui n'est jamais totalitaire, ou achevée.

Mais comme Marx reconnaissait que la dialectique idéaliste de Hegel digérait pas mal de matériel, Sartre admet que l'essentialisme de Heidegger ingère passablement de concret et décrit, thématise (fait entrer dans le domaine du commentaire philosophique) des pans entiers de l'expérience de vivre de l'homme moderne, aux prises avec la déshumanisation par la technique et la lancinante question du sens (de tout ceci, de la vie, de cette civilisation affolée qui ne s'organise pas pour durer...

Mais revenir au passé, retrouver une sorte authentique de "donation originaire" du "sens de l'Être" n'offre pas une solution intéressante ou progressiste, pour Sartre. Il reconnaît l'homme comme "condamné à la liberté", c'est-à-dire contraint d'inventer ses nouveaux chemins et pour cela il faut s'entendre et s'organiser pour construire l'avenir. L'être pour-soi, spontanément individualiste, devient collectiviste pour proposer et collaborer (à) des solution crédibles aux problèmes exacerbés.

Alors, pour bien lire Sartre, première chose, il faut se méfier des abstractions. À leur propos, Sartre se veut le plus simple possible, et tranchant. Comme pour Nietzsche, chez lui il n'y plus de place pour des "arrière-monde". Tout ce dont il s'agit est là, sous nos yeux, ou donné de quelque manière. Le pour-soi est mon expérience. Sartre nous invite toujours à vérifier en nous-mêmes pour sentir la véracité (ou non) de sa démonstration. Il se lance à la recherche de l'être, il découvre le néant, il cherche la durée, il trouve le temps fuyant, évanescent, complexe, problématique (les trois extases temporelles, etc.) il cherche la vérité et il tombe sur la liberté. C'est l'angoisse.

Il refuse la mauvaise foi, la complicité malsaine, il ne prend rien pour acquis. Sa réflexion apparemment théorique (truffée de notions et de concepts) est pétrie de morale. Il exige de son lecteur un engagement envers la recherche de la vérité en même temps qu'un parti-pris envers la solidarité humaine. Puisque la vérité n'est pas donnée, jamais toute faite (dogmes et religions sont à ce titre nuls et absolument non pertinents) il nous faut, humains, la faire ensemble, prouvant ainsi, du même coup, la vérité de notre être.

Je te lance ça comme ça me vient, ne sachant pas encore ce que tu veux savoir. En tout cas, prérequis: connaissance de base de la phénoménologie, comme méthode d'investigation de l'expérience. Ensuite, attention soutenue, une certaine culture littéraire on va dire classique est aussi utile sinon tout à fait nécessaire (Sartre fait constamment allusion aux grands auteurs, pas seulement français) goût de la réflexion, souplesse dialectique, ouverture au monde (compassion) et passion pour la liberté ou la vérité : finalement ces deux notions reviennent au même chez Sartre : quête infinie, ouverture, remise en question et critique perpétuelle. Interroge ton expérience.

Je te remercie de m'avoir fourni cette occasion de réactualiser ma perception de Sartre, l'homme, le penseur, déjà largement méconnu aujourd'hui. Si tu veux en savoir plus, il faudra m'en dire plus.

Tu peux aussi questionner ou commenter sur mes blogs, celui-là, dont je pense à changer le titre, ou sur les autres, selon ta fantaisie. J'utilise 6 blogs en fait, dont tu peux suivre les liens sur "Prégnances...

Alors, salut ! Bon courage et à bientôt, peut-être. Bien connaître Platon est un excellent point de départ. Je ne connais pas bien Schopenhauer, seulement ce qu'en dit Nietzsche. Mais en tout cas il ne suffit pas de lire, il faut aussi savoir réfléchir, se questionner en soi-même, sur soi-même. Question d'ouverture, disponibilité et talent, aussi.

Jacques Perreault

mercredi 1 décembre 2010

-------------- Attitude interrogative ? --- Angoisse ?

Questionner, se mettre en quête, sortir de soi, c’est l’errance. Peut-être sera-t-elle sans fin ? Questionner c’est errer, se mettre de travers, se fourvoyer dans l’erreur. À moins que la question revienne sur soi, opère un retour chez soi, sur elle-même, que la question porte sur elle-même, sur son être et sur l’être qui la porte, sur l’être du questionneur. Le questionneur se questionne sur son être, qui n’est pas essentiellement l’être de la question, puisqu’il réalise bientôt qu’il n’aurait jamais dû sortir de chez soi. Là où commence l’errance, virtuellement sans fin, de par le monde, par les premiers pas de la connaissance.

Ni la question ni l’angoisse qui me jette hors de moi, me fait courir les routes, de la douleur et de la peur, du besoin et du profit, les chemins sans fin de l’intérêt ; ni la question ni l’angoisse ne touchent à l’essence de mon être. Cette liberté qui se questionne et qui s’angoisse, elle est toute intérieure, immanente. Elle est à la source, non-savoir et par là même essence immédiate et pleinement réelle, être véritable.

La question de l’être est une duperie. La liberté qui s’angoisse, un épouvantail. La liberté qui reste chez elle réalise qu’elle ne s’était jamais quittée. Seulement peut-être un peu oubliée, de ci de là, dans des pérégrinations imposées, comme des épreuves qui ne prouvent rien. À l’épreuve de soi-même seulement l’on s’aperçoit que l’on a erré. Fini le temps errance, voici venu l’ivresse joyeuse qui demeure.

dimanche 28 juin 2009

Heidegger encore...

"Le don de soi dans l'ouvert au moyen de cet ouvert est l'Être même." Lettre sur l'humanisme, op. cit., p. 87 Le pas en retrait, par rapport à la démarche au long cours de l'histoire de la métaphysique, proposé par Heidegger permet au moins d'attirer l'attention sur la question de la donation (originaire).

Ici, donc, l'Être est caractérisé essentiellement comme "don de soi dans et par l'ouvert". Il s'agit de considérer que l'"Être" donne l'éclaircie comme son être le plus essentiel à l'homme. Dans cette perspective, cela serait imputable à l'"Être" si l'être même fondamental de l'homme doit être d'habiter l'éclaircie de l'Être, ou la clairière (jolie métaphore par laquelle j'entends, mettons, l'ensemble des possibilités de la conscience ou l'univers de l'ensemble des consciences possibles) ou l'ouvert (soit la possibilité même de savoir et d'être au monde, dont conscient : foisonnement de l'ensemble des phénomènes et manifestations humaines qui se détaillent en histoire et cultures, etc.).

"Peut-être le mot "est" ne peut-il se dire en rigueur que de l'Être, de sorte que tout étant n'"est" pas, ne peut jamais proprement "être"." (Ibid. p. 89) C'est à un retournement, à tout le moins de l'attention, que nous sommes conviés puisqu'il s'agirait de se placer dans la perspective où il n'y a que l'"Être" qui soit vraiment et pleinement. Et perspective, le mot est faible, puisque cela serait l'idée, ici suggérée, d'une position en surplomb ou englobante de toute perspective possible, qui ont cours à partir du (ou des) domaine(s) de l'étant.

"L'avoir-lieu de l'histoire déploie son essence comme le destin de la vérité de l'être, à partir de celui-ci (...). L'être accède à son destin, en tant que Lui-même, l'Être, se donne. >(S'impose...?)< Ce qui signifie, pensé conformément à son destin : Il se donne et se refuse à la fois." (p. 91) Comme l'amour d'une femme... Non ! Mais d'une manière à la fois plus impondérable et moins capricieuse. Mais cela à a voir avec l'abri, mise en sûreté du sens dans le langage.

Suit une discussion des thèses de Hegel.

"Ce qui procède de la métaphysique absolue ne saurait être abordé et encore moins éliminé par des réfutations. On ne peut que l'accueillir en tant que sa vérité, ramenée plus originellement à l'Être lui-même, est celé en lui et soustrait à la sphère d'une opinion purement humaine."

On ne peut donc pas réfuter Heidegger. Mais il ne s'adresse qu'à quelques penseurs alors que Sartre, à la fois plus littéraire et libertaire, s'adresse à tous les hommes. Et Heidegger parle de "la lutte amoureuse des penseurs", où il ne s,agit pas d'annulation et de réfutation mais d'accompagner et de prolonger un mouvement de pensée au-delà de sa conclusion ou de son domaine de validité.

Rétrospectivement nous pouvons dire que le destin de Sartre était de susciter une responsabilisation accrue de son historicité par l'homme ; alors que celui de Heidegger serait d'attirer l'attention sur l'arrière-plan de tout ce dont nous avons l'expérience, la donation "originaire" (?) qui rend "tout cela" possible. On ne peut pas réfuter une telle visée ou projet de dévoilement mais on peut lui préférer une autre attitude. D'ailleurs, Sartre pense en tout conscience et je crois lucidement à l'intérieur du domaine ouvert par Heidegger et dans le prolongement de ce dévoilement.

Exil, dériliction de l'homme moderne

Heidegger nous invite à considérer l'Être comme notre patrie d'origine et dont nous aurions été... déportés ? Mais pour autant que nous le sachions en tout cas nous n'avons pas conscience d'avoir jamais habité cette patrie, ni jamais ni à l'origine... L'allégation d'une inconscience ou d'un inconscient, voire de l'inanité de tout cet ensemble de phénomènes que l'on subsume sous la désignation de "la conscience" est irréfutable... car infalsifiable. Improuvable, pas testable ! Il conviendrait donc, à tout le moins, de se méfier...

Il n'est pas question non plus, donc, d'y revenir et l'on ne pourrait pas proprement parler d'un "oubli" de ce domaine ou de cette période, perdu quelque part dans le temps, puisqu'il ne s'agit pas d'une existence passée dans cette patrie dite de l'Être. Pourquoi dès lors, continuer de parler de cet ineffable, de cette origine à jamais inaccessible. Et en quel sens, comme autrement, pourrait-on parler d'oubli ?

Serait-ce le fait d'être tombé dans le temps à partir d'un mode, mais de quoi?, de présence?, d'in-sistance? Et en quel sens "antérieur" au temps ? Problème : une sorte d'aventure nous aurait précipité dans l'oubli, cet oubli de la patrie originelle mais dès lors cachée ? Est-ce une expérience identifiable, chez nous, de ne se sentir nulle part chez soi, en exil insondable ?

Pour le moment tout ce que j'y vois c'est l'affect pathétique, poétique, d'une insondable nostalgie. Comme si l'homme, en sa conscience ou comme un noyau, sa racine, peut-être, sentait qu'il n'était pas d'ici, originaire et habitant ordinaire de ce monde des temporalités et que son destin était de retourner vers l'Éternel...

Mais cela rend un ton exactement biblique. Et c'est ce qui agace, chez les Juifs, par exemple, "le peuple Élu" : ils prétendent avoir LA réponse, révélée à eux, et uniquement par préférence. Élection. Cela n'a pas fini de faire des jaloux, et pas seulement l'Islam, qui est en fait une réaction de contre-révélation. Maturité zéro, genre : mon Père est plus fort que le Tien ! C'est pourquoi il y a une lutte à finir entre ces deux con-traditions.

Mais plus haut, dans cette Lettre sur l'humanisme, p. 77, il était pourtant dit que "L`Etre" -- ce n'est ni Dieu, ni un fondement du monde. Mais alors, qu'est-ce que "c'est" ? Une volonté -par exemple de mise à l'abri du fait d'être?-, une provenance? un affect? une vision? ou encore, un désir!? Humain, trop humain : car toute volonté désire, ô profondément l'éternité. Selon la parole de Zarathoustra.

Est-ce uniquement la modernité qui expérimente cette absence de patrie ? Mais cela serait nouveau, et non pas ancien ou immémorial, que l'esprit ne soit pas rendu à bon port et ne soit pas parvenu à s'assurer de son être. Le déracinement comme mode d'existence, moderne, dans les villes, crée de nouveaux désirs... d'enracinement ?

Difficile liberté. Le destin de la grande majorité des humains est de la fuir comme la peste, la sienne propre, pourtant, unique ou particulière.

lundi 13 avril 2009

Un pas vers plus de liberté...

En ce beau printemps, il faut réagir... Il faudrait... mais renaître ! Voilà ce qui serait digne d'un phénix, c'est-à-dire d'un vrai, véritable vivant. Même le serpent change de peau, le corbeau déploie ses ailes mais l'aigle monte plus haut, porté encore par les courants ascendants. Réagir ? Non, mieux, agir... pour faire face et refuser l'enfermement. Dans des tâches, dans un couple, un enfer partagé, une situation intolérable.

Chaque jour lorsque je me lève, souvent... il est trop tard pour partir du bon pied mais... les premiers pas restent toujours rattrapables ! Parce que tant que nous ne sommes pas mort, donc avant le dernier pas vers la tombe, une chance nous est offerte de changer notre vision, d'ouvrir notre esprit à de nouvelles dimensions, de dilater notre cœur pour l'amour retrouvé. Il restera toujours la chance d'un sourire ou de goûter du miel avant le plongeon final ou la fermeture définitive des lumières.

Chaque jour la chance nous est offerte de devenir meilleur. La marge de manœuvre apparaît bien petite lorsque la pression et l'urgence des tâches est la plus grande, mais sitôt que nous sommes de loisir, ne serait-ce qu'une minute, une chance ne nous est-elle pas donnée de philosopher, comme dirait Socrate!?

Le sommeil nous aide déjà beaucoup à reprogrammer nos pensées. C'est pourquoi il est sacré. Quiconque s'attaque à notre sommeil s'attaque à la fibre même de notre être. Mais comment prendre le contrôle de nos rêves ? Et comment agir dans le sens d'accroître l'espoir, d'augmenter la force de tenir nos engagements, de renforcer le courage de tenir, l'audace de faire reculer le mur des impossibilités ?

La méditation, sur notre être dans une juste posture ; le contrôle de la respiration, la régulation des rythmes de l'organisme et de la circulation du sang, une excellente oxygénation du cerveau installe la base d'une plus grande clarté et force de penser. C'est un yoga (mot qui signifie l'union du physique-organique avec le mental et le vouloir, capacité transcendante qui pourrait donner l'esprit).

C'est la base d'un renforcement du caractère humain aux capacités émergentes d'esprit à partir d'une reprise de contrôle de notre organisme animal, sujet à toutes les influences. Et c'est le premier pas d'une démarche de liberté, où les début de la réflexion sur notre être, en intériorité, et sur les atteintes du monde, selon les affects qu'il nous cause et informations que l'on trouve, en extériorité se conjuguent dans l'effort de synthèse qui transforme notre réflexion jusques et y compris vers l'autoréflexion de telle manière que nous savons de plus en plus de quoi il s'agit quand on parle des problèmes du monde et que nous connaissons mieux la place que l'on y occupe, ainsi que ce que nous voulons.

De savoir ce que nous pouvons et où sera notre action dans ce monde que nous voulons nôtre, de plus en plus vivable, et ouvert pour tous, dont il faudra cependant contrôler le nombre par une régulation réfléchie de la reproduction, permettant les ressources nécessaire au développement qualitatif des êtres libres que nous sommes. Voilà ce que je souhaite aux héritiers de ce monde et successeurs des dinosaures.

--Mais je ne suis pas en contrôle: pourquoi ai-je besoin encore de boire de la bière pour enfin finir par l'écrire ce truc!?

dimanche 22 février 2009

Sujets

Le sujet réel à été ébranlé sur ses bases récemment (dans sa et ses propriétés), mais cela n'est pas nouveau puisque "la peur est le premier moteur" (Claire de Lamirande) et que de tout temps l'animal humain a versé de période en période, périodes de bonheur ou indolence confortable interrompue par une période de panique qui le forçait à sauver sa peau, dans la fuite le plus souvent, puis dans le combat, donc à se redéfinir à partir de ses moyens d'expression et d'action, soit ses outils et la recherche incessante du perfectionnement de son outillage mental, pour enfin parvenir à prévoir et préparer les affrontements.

Le sujet abstrait du rationalisme est une réduction appauvrissante et asséchante de l'expérience (existentielle et cognitive complète) qui devient possible seulement après l'établissement de la (fausse) sécurité à la suite des révolutions bourgeoises et l'établissement du pouvoir de la finance. Il n'a pas fallu attendre la crise financière et politique moderne ou actuelle pour en dévoiler la vanité. Les penseurs aigus et lucides de plusieurs époques ont fait de cette critique leur tremplin vers l'originalité. Hobbes, Locke, Machiavel, Spinoza, ensuite la lignée spéculative allemande, Kant, Fichte, Hegel et Marx. Finalement nous abordons le terrain de la transformation concrète.

Le sujet actuel ne peut pas se permettre de viser régulièrement la cohérence, encore moins constamment. Il est divisé, ce sujet évanescent, en plusieurs appartenances et torturé de multiples contradictions. La rigueur monolithique n'aura toujours été qu'une fiction du genre "idéal régulateur" mais qui est aujourd'hui encore moins de mise. Nonobstant certaines ossifications de réactions préprogrammées et/ou régressives, c'est un sujet fluctuant et qui, dans le meilleur des cas, tel un navigateur en haute mer, cherche à faire le point de ses différents engagements, investissements et références. Ce sujet accroupis n'est pourtant pas croupi, toujours vivant! et quand il se redresse, tentant de prendre conscience de sa recherche de redéfinition il se voit presque obligé de redevenir le sujet révolutionnaire, condamné à la liberté qu'au fond il aura toujours été.

Sur la ligne de crête des crises qui se succèdent en effet comme de grandes vagues (ou de plus petites vaguelettes) l'être de l'homme répond à cette obligation de créativité dont l'énonciation fut d'abord sartrienne. Cela semble banal de dire que l'homme doit toujours à nouveau chercher et trouver de nouvelles solutions aux problèmes qui se posent à lui mais aussi qu'il se pose à lui-même. La coordination des temps objectifs dont le temps du monde et la temporalisation subjective est l'espace même de la liberté, qui ne se joue dans aucun territoire. La liberté se joue dans le temps et c'est bien ce que nous sommes tous en train de redécouvrir.

Banalité de le dire, comme si l'on reconnaissait un état de fait mais on ne prend pas la mesure de ce que cela signifie concernant la théorie du sujet ou la conception de ce qu'est l'être de l'homme. Le travail en intériorité, de la pensée mais d'abord de l'affect, est essentiel. L'homme que nous sommes, vous et moi, hommes et femmes, enfants encore plus, sommes des êtres qui avons à redéfinir, remanier nos manières de voir et d'agir, le terrain pratique mais aussi l'envoûtement imaginaire, à réinventer donc, à travers ces moments et qui sont proprement subjectifs, notre être, dans la participation à plus vaste, pas forcément plus grand que nous.