lundi 23 mars 2009

désarroi

La réflexion sur le sujet post-moderne prend conscience de sa très grande fragilité. En fait, s'il existe encore et/ou si l'on peut encore prétendre en asseoir une représentation, établir une théorie ou explication de ses structures, on est amené à le qualifier de faible et inconstant, épisodique ou fluctuant, versatile mais sans point de repères et le plus souvent participant, pieds et poings liés, à un vaste procès sans sujet: le Capital, apparemment, étant la seule forme actuelle de grande totalité en action.

Je me suis longtemps répugné à l'admission de cette défaite du sujet que représente l'accès, je dirais plutôt la chute, à l'ère post-moderne. "Post-merde" m'écrivait un ami, Jean-Marc Lemelin (cf., par exemple, recherche google : "pragrammatique"), dans une lettre personnelle du début des années 90. Mais il a fallu se rendre à l'évidence, une confluance de forces, facteurs et événements ont précipité la conscience d'une
perte généralisée de sens et de puissance dans le sentiment que chacun pouvait prendre de sa vie personnelle dans sa recherche d'autonomie mais aussi dans sa participation, volontaire mais aussi imposée et par défaut, aux vastes ensembles qui modèlent l'espace et les modalités de l'expérience.

Certains, réagissant à ce décor désolé, saisissaient l'occasion de nous présenter une nouvelle image de la liberté et proposaient les rebondissements d'un
sujet en procès, virtuose et créatif, performant autant dans les domaines de l'action et de la séduction que dans celui de la pensée ou du moins du discours sinon de la théorie. Cette dynamique est assimilable aux noms de Philippe Sollers et Julia Kristeva, qui regroupaient une chouette équipe autour de la revue Tel Quel jusqu'à sa transformation en L'infini et le passage à un nouvel éditeur, des éditions du Seuil aux éditions Gallimard au début des années 1980.

Selon une conceptualité inspirée de la pensée nietzschéenne, il s'agit de la position du nihilisme actif qui est excellement illustrée ici. Force est de constater que le nihilisme devient pas mal plus passif chez un auteur plus tard venu encore, Michel Houellebecq, mais la part active est représentée par l'envol imaginaire qui verse régulièrement dans la science-fiction : la porte de sortie, le futur alternatif qui peut, à la rigueur, tenir lieu d'utopie.

Mais les figures de l'utopie, de l'imaginaire, de la science-fiction et ses futurs alternatifs, de toutes portes de sorties virtuelles, fuites dans l'imaginaire, dirait Sartre, et qui témoignent, dirait Fredric Jameson, de notre incapacité à imaginer des alternatives réalistes voire même des changements réels à notre condition apparemment sans espoir, tout cela en toutes ses variantes sont absolument nécessaire pour maintenir le potentiel à tout le moins disponible de la capacité d'invention d'une importance vitale pour faire face aux crises qui, de notre fait, nous pendent, collectivement et massivement, au bout du nez.

Y a-t-il d'autres voies à explorer, d'autres entreprises, de réforme ou de recherche, à développer pour regonfler à tout le moins le moral d'un sujet devenu, sur le plan pratique autant que sur le plan théorique, hautement problématique ? Appel à tous ! La question est au moins posée et toutes les suggestions, propositions, solutions?... sont bienvenue. Je vous écoute.

À bientôt, cher dinosaures... et quelques oiseaux qui nous observent ?! J'attends vos messages, foisonnant ! J'espère, mais je ne mets pas tous mes "oeufs" (de Pâques!) dans le même panier et je continuerai néanmoins ma réflexion.

Pour maintenant, meilleures salutations !

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