mercredi 6 mai 2009

S'expliquer avec l'allemand

Les heideggeriens m'énervent, et pourtant je ne suis pas un ennemi de la pensée heideggerienne ! Ils entretiennent toujours les mêmes malentendus mais savamment mis en scène. Jusqu'à Gérard Guest (Gégé pour les intimes) qui refait le contresens, dans ses conférences consultées sur le site Parole des Jours (de Zagdanski) d'imputer la "mauvaise traduction" du dasein, "l'être (le)-là", dit-il, en "réalité humaine" à Sartre, dont le travail aurait influencé Corbin, tout cela rigoureusement "contemporain" disait-il. Dommage, je suivais avec espoir l'entreprise de lecture de Gégé et cette attente était confortée par sa recherche d'une "phénoménologie de l'extrême", que je pense trouver précisément chez Sartre.

Alors, tout cela me force à réouvrir à nouveaux frais cette polémique autour de la Lettre sur l'humanisme qui n'en finit plus, comme celle-ci, la Lettre, n'en finit plus de faire pièce à la (mauvaise) conférence de "L'existentialisme est un humanisme", prétendant dans le processus disposer, en le caractérisant, de l'ensemble de l'œuvre de Sartre.

Il me faut 1) relire cette Lettre sur l'humanisme, en résonance, comme l'indique Gégé, avec Holzweig et les Beitrage, 2) reprendre le contexte de constitution de L'Être et le Néant, toute la première manière sartrienne avec, bien antérieur l'article introductif de Corbin, examiner des prolongements de la polémiques, chez 3) Sloterdijk, notamment dans "Règles pour le parc humain" et "Éclaircissements sur l'éclaircie", 4) réexaminer le dossier monté par Meschonnic, après celui de Temps Modernes, dans sa critique du rythme heideggerien.

Le rendu du Dasein par une métaphore alors que l'on introduit pratiquement, en fait, pour une première fois en France la pensée de Heidegger qui s'engage à faire s'expliquer l'allemand (philosophiquement)n'est pas une si mauvaise chose, puisqu'il n'est pas question d'emblée de se situer à l'intérieur d'une pensée encore inconnue. Sartre survient ensuite, travaille bien plus tard, pas avant son séjour à Berlin en 1934, sur les textes de Husserl surtout mais aussi de Heidegger et commence à questionner ce qui advient de et par ladite réalité humaine.

Ensuite se déroulera toute cette histoire de la réception en France et des différentes tentatives d'appropriation de la pensée heideggerienne en ses différentes inflexions, avec l'ironie surjacente de Nietzsche, partout présente et qui se mêle finalement de ne pas vouloir ou la paix, dans l'"innocence du devenir".

Tout ce vacarme parle allemand et le mérite de Heidegger est certainement d'avoir amené cette langue à s'expliquer, sur les problèmes et avec les questions fondamentales. Je demeure convaincu que la langue royale de la philosophie après le grec sera le français, qui permet de se sortir des impasses de la forêt épaisse, car véhicule de la clarté la plus propre à décrire et maintenir l'ouvertude en l'éclaircie. Mais pour en arriver à ce résultat, il aura fallu en passer par l'explication avec l'allemand en tant que langue pensante.

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