mardi 2 juin 2009

esthétique moderne...

L'esthétique postmoderne est basée sur du vent, le vide en fait : l'incongruité. La publicité l'exige : il faut tapper dans l'oeil du spectateur. La vie mutilée saigne et nous montre ses plaies. Tout cela se déroule dans la poussière, sur fond de nuages glauques et le cri fait échos à l'étincelant reflet d'or qui crépite sur la poitrine gainée de cuir noir, qu'ébrèche le couteau enfoncé jusqu'à la garde : la femme sourit mais un filet de sang et de bave mélangées suinte d'entre ses lèvres pulpeuses.

Nous aurions aimé vivre l'envol de l'époque moderne sauf qu'il y a eu cet affreux détail des deux grandes guerre mondiales et cela fait aussi, exemplairement, partie du tableau. Comment nous nous sentons impliqués dans les choses, cela reflète le tableau le plus exact de ce que nous sommes : par le prisme primitif des émotions.

"Pluton semble m'être propice..." chante Didon lorsque désertée par Énée, fuyant son amour pour aller fonder les racines d'un empire éternel. Le grandiose opéra de Berlioz, "Les Troyens" est une production, ou objet culturel semblant conjurer d'avance la barbarie massive de ces tueries dont n'osaient même rêver de grands ingénieurs macabres.

Les orages d'acier du vieux Schleu (Ernst Jünger) répondent à cette appréhension, à peine inquiète, du vieux troupier qui a connu le terrain. Cette esthétique est annonciatrice de la défaite radicale du sujet --à tout le moins classique-- ou de la défaite du sujet radical... L'être humain étonne toujours par ses capacités d'adaptation... Certains préfèrent déjà prendre des pruneaux plein la gueule plutôt que du pinard.

Il y a une ivresse de la douleur, de la souffrance dans l'épreuve à côté de l'amour. Quel rapport avec l'impulsion guerrière ?

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